AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Partagez
 

 Tristia

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Louise Rimbaud

Louise Rimbaud



Messages : 2
Date d'inscription : 08/02/2021

Tristia Empty
Sujet: Tristia
Mar 9 Fév - 18:26

Parce qu'ils dessinent des formes aux infinies violences parce qu'ils établissent ce pacte intransigeant avec l'esprit, parce qu'ils sont des anges généreux. Je ne cesserai jamais de me soumettre à leur régence. Jamais le monde ne nous paraît si beau que lors nous parvenons à faire des mots son miroir. @James Wilde


 « Tu devrais y aller Louise. » Assise sur sa chaise préférée, un peu usée, un peu étroite, la jeune fille observe les gourmands installés près d’elle, la disposition des tables forme des arabesques, des pétales de fer et de métal sur lesquels des plats aux différentes couleurs narguent les passants ; Louise regarde, avale, de son crayon esquisse l’environnement de ce petit café au bord d’une ruelle commerçante, ses ruelles pavées, les fenêtres garnies de fleurs et les enfants galopant à la fin de la journée. Louise a fini sa journée de cours particulièrement harassante. En face, sa meilleure amie bougonne, c’est que l’enfant ne l’a pas prévenu de la nouvelle qui bouleverse une année, du bout des lèvres, dans un chuchotement si humble qu’il paraissait inexistant elle lui avait confié la veille qu’elle avait été sélectionnée comme danseuse principale afin de magnifier un clip. D’un ancien groupe qui fait son retour, lui avait-elle annoncé, rougissante, l’iris pétillant d’effroi de se dévoiler, un peu de mystère quant à l’identité de ce fameux chanteur. Alexandra n’avait pas questionné, connaissant l’angélique obstinée, Louise n’était pas de ces personnes bavardes, elle gardait dans le myocarde, épargnait le bruit par son silence religieux. Ainsi, dans cet espace aux nuances safranées, aux parfums délicieux, Louise attend l’heure fatidique, pensive, avec l’envie de s’enfuir. Les pensées par millier se détachent du cerveau, convoquent les raisons pour elle d’annuler, je ne sais pourquoi vous m’avez choisi, mais je pense bien que c’est un mauvais choix car je n’ai pas une étincelle de talent en moi, ce que j’ai fais, il le fallait, j’ai jeté cette démonstration dans une mer houleuse, je ne pensais pas que j’attirerai vos regards, je ne le souhaitais pas. « Aller, je t’accompagne, j’attendrais à l’entrée. Tu n’as pas le choix maintenant, il faut bien que tu gagnes un peu d’estime de toi. »

Une abysse se présente, étend ses grandeurs, elle ouvre ses tentacules aux silhouettes dynamiques, qui s’avancent et reculent, qui préparent la scène, qui fabriquent les artifices ; elle sera seule au moment de contrôler son corps, de modeler ses gestes. Elle s’était annoncée, murmurant son prénom, je m’appelle Louise Rimbaud, il n’en fallait pas plus puisque l’on connaissait son nom et toujours, cette question lancinante la hantant, pourquoi suis-je ici. Perdue dans l’immensité de ce territoire agressif, au milieu des regards étrangers, Louise atterrit distraitement dans une alcôve où quatre chaises et une table sont installés. Ils vont venir bientôt pour t’expliquer ce que tu devras faire, lui dit-on avant de la laisser, seule. Alors l’enfant, pour se rassurer, ouvre un carnet, prend son stylo, barbouille ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, ses impressions, des hachures et des visages, des ombres sur lesquelles se referme un dôme, emprisonne. Et les voix. Et les hommes. Elle analyse rapidement, son corps se fige, elle cherche une issue. Mais ils s’installent près d’elle. Ils parlent, elle n’entend rien. Trop apeurée, trop paniquée. Elle retient, cependant, le regard du dernier, un peu à l’écart, c’est lui qui lui fait face. Ses orbes s’ancrent, curieuses, dans celles du leader. Car Louise pressent qu’il doit être le gardien des décisions. Sans parler puisqu’elle ne sait pas, s’exprimer lui est une difficulté insupportable, elle aimerait user des mots justes, ceux qui dessinent les émotions dans leur transcendance, alors elle se tait car elle ne sait pas, parler. Fascinée par les ambres de l’homme, son image exhibé dans sa petite chambre d’adolescente. James Wilde, le chef du groupe Wild. J’ai vraiment envie de partir parce que ma place n’est pas ici. Mais la sortie croque des obstacles, elle ne partira qu’à la fin, obligée de poursuivre son engagement. Et bien sûr tu seras payée…  « Ce n’est pas l’argent qui m’intéresse. » Le rouge colore ses traits tirés par la honte d’avoir trop tôt énoncé ce secret, on s’en fiche, d’ailleurs, de ce qu’elle pense, malgré le silence, parfois, les mots lui échappent et rompent le néant, la voilà qui se confie sur ses motivations. Elle se replie sur elle, se promet de ne plus émettre un son.  
Revenir en haut Aller en bas
James Wilde

James Wilde



Messages : 3
Date d'inscription : 08/02/2021

Tristia Empty
Sujet: Re: Tristia
Mar 9 Fév - 19:40

Parce qu'ils dessinent des formes aux infinies violences parce qu'ils établissent ce pacte intransigeant avec l'esprit, parce qu'ils sont des anges généreux. Je ne cesserai jamais de me soumettre à leur régence. Jamais le monde ne nous paraît si beau que lors nous parvenons à faire des mots son miroir. @Louise Rimbaud




c’est elle. ce sera elle. il n’avait dit que cela, tandis qu’il s’agitait sur sa chaise, incapable de demeurer en place alors que les démos envoyées par des danseuses, dont il ne connaissait ni les noms, ni la réputation, défilaient sur l’écran. sur la surface, des corps graciles, des corps fragiles, où la jeunesse ondoie. les premières courbes se devinent mais ne se dessinent pas, c’est un bouton qui ne saurait éclore. peut-être qu’il mourra bien avant de s’épanouir. il s’était tu, james, il s’était tu, nerveux, entrepris par des émotions qu’il ne parvenait plus à maquiller, et comme toujours, gregory, à ses côtés, ressentait l’écho du sentiment, le partageait, s’en imprégnait. la nervosité comme une maladie trop contagieuse, venait animer leurs corps, leurs esprits aussi. à chaque projet, à chaque élan, entre eux il y a l’euphorie que l’on arrache au partage, que l’on appréhende avec la candeur d’un enfant. à chaque fois, malgré les déboires, malgré les peines, malgré ce froid qui continue de s’insinuer dans leurs chairs. à chaque fois, l’afflux de la nouveauté, et l’envie de s’y étioler. mais james s’y étiole bien trop, greg son meilleur ami le sait, et l’euphorie s’est alors teintée de ce trouble violacé, qui gagne tous leurs rêves. depuis, les confidences se tissent, entre gregory et ellis : ce projet est-il pure folie, est-il simplement l’entreprise feulée par le deuil, ou quelque chose qui permettra à james de s’éteindre une toute dernière fois. surtout quand ils ont vu, quand ils ont su pourquoi. pourquoi c’était elle. pourquoi ce sera elle. ils n’ont eu ni le coeur, ni le courage de le dissuader. ils n’ont pas su excaver les non-dits pour tous les lui balancer. alors oui. c’est elle. ce sera elle.

le plateau bruisse déjà, les regards fusent, viennent cueillir cette perspective qui fait de ce qui apparaît être une simple chanson un projet d’envergure. les paroles, seuls eux les savent, les connaissent, il a fallu pour la production et surtout pour celle qui la dirige des trésors d’ingéniosité pour aller chercher la figure qui viendrait parer tout un univers, sans pouvoir encore le dévoiler. c’était quelques comparaisons, et puis quelques phrases presque cryptiques, bien sûr écrites par james, relues, révisées, raturées pendant des heures pour finalement s’abandonner sur la page vierge de l’annonce. et encore quelques images, comme des tonalités, offertes sur le papier, comme pour dépeindre son univers, et ce qui y gît. rien de trop appuyé, rien de totalement dévoilé, james est jaloux de son nouvel album, tant il peine à le délivrer, tant chacun des titres lui arrache un peu plus de la vie qu’il savait encore préserver. il a choisi ce retour en arrière, il a choisi de regarder ses enfers, de les voir plutôt que de les fuir, comme s’il ne savait plus comment faire pour convoquer d’autres horizons. un moment presque fatidique, craint par chacun qui connaît la psyché complexe du leader des wild. elle pourrait se libérer tout entière, ou bien se briser tout à fait. personne ne le sait.

ils arrivent, trois, un ensemble, un mouvement, une sorte d’alliance que l’on comprend ne pouvoir jamais rompre, chacun se protège, chacun fait front, une unité peu commune que seules les années, et aussi les troubles sont capables de forger. mais lui, james, lui se distingue, l’on comprend parce qu’il échappe à la réalité qu’il se veut et se définit dans sa marginalité. il ne dit pas bonjour, il ne distribue aucun sourire, il masque son regard de ses lunettes de soleil de star, alors que les deux autres enchaînent sur cette jovialité bon enfant. elle est jeune, elle est jolie, elle paraît effrayée, perdue dans ce grand théâtre frivole qui habite ce hangar, et ils ont immédiatement l’envie de la garder de ses angoisses. instincts protecteurs de ces deux-là, quand l’autre ne semble absolument pas parcourir les mêmes cheminements. il a pris place plus loin que ses comparses, il a rangé ses lunettes, a abandonné sur elle un regard, une inspection froide, mais éminemment prégnante, comme s’il était là, tout contre elle, à chercher, à fouiller, à vouloir analyser ce qu’elle ne saurait ni dire ni encore éprouver. elle est sa parfaite image. elle lui ressemble tant. elle est… il ne peut le songer sans maudire et son projet et même ce piètre avenir qu’il aimerait broyer, dans un seul cri. alors il la regarde, oui, il ne fait que la regarder. ellis, avec sa haute taille, et sa précision assez professionnelle lui explique tout, il dépeint l’ambiance, il la connaît, il sait ce que veut james, il a compris l’onirisme entre les mots. le titre s’appelle sing for absolution, il ne lui donne pas le texte, elle devra l’entendre, en même temps qu’elle dansera, se laisser porter par l’émotion et la voix. il faut saisir l’essence, pour la graver vraiment, pour qu’elle trouve ce qu’elle voudra explorer. c’est brouillon et c’est en même temps extrêmement clair. gregory lui parle des horaires, du nombre de jours qu’ils pensent consacrer au clip, il évoque le fait qu’ils sont minutieux. il regarde, en biais, wilde qui ricane tout bas, parce que tout le monde comprend que cette minutie maladive ne vient ni du blond, ni du grand brun, cela vient de lui. toujours de lui. le souffle, la vision, et même les affres dans lesquelles il faut s’abandonner pour les trouver.

la petite parle, c’est menu, c’est un filet de voix, et par l’entremise de ce regard qu’il a posé sur elle, et qu’il n’a plus lâché, c’est lui qui semble l’y avoir contrainte. à parler. à dire enfin. à exister plutôt que de renvoyer une parfaite image. james esquisse un sourire en coin, il s’y cache une sorte de cruauté, un amusement mesquin dont il abuse toujours pour mettre les gens mal à l’aise, et pour les pousser à la faute. oh voyez-vous ça. c’est un accident dans tout son silence, le ton est mordant, il s’échappe, il s’évade, c’est presque comme pour elle, c’est la mort qui reprend la vie pour mieux s’y raccrocher, et y plonger ses serres empoisonnées. les deux autres se taisent, aussitôt. sonorité et tempo. james se penche un peu en avant, iris troubles qui sondent l’argument qu’elle avance comme s’il le soupesait, et qu’il n’y croyait que peu. serait-ce l’amour de l’art ? il se mord la lèvre inférieure avant de hausser les épaules, et de parler à ses acolytes plutôt qu’à elle. quoi ? ce n’est pas ce que les jeunes filles de son âge nous balancent toujours ? si ce n’est pas le fric, c’est l’art. et si ce n’est pas l’art alors… j’ai bien envie d’entendre… et il revient à elle, comme une vague, ou un ouragan, du haut de ses noirceurs il interroge la candeur, la simplifie, la repousse comme si c’était là, un poison plutôt qu’un remède. ouais, j’ai bien envie d’entendre ton petit discours. ce que tu as imaginé dans ta chambre hier soir, quand tu ne trouvais pas le sommeil. ce qu’il faudrait nous dire. ce qu’on aimerait entendre. des jolis mots, dans ta jolie bouche. objet immédiat, james est comme cela, elle est venue à lui, et il envisage ce simple fait comme une fatalité. il l'a choisie, elle n'a donc plus qu'à plier. gregory soupire quelque peu, il fait un geste, comme pour lui intimer un peu moins de hargne, il patine les aspérités, histoire de masquer la violence qui sourde déjà. ce qu'il veut dire, c'est juste qu'on doit comprendre ce que tu crois trouver en acceptant ce contrat. james roule des yeux et murmure, abruptement. non, ça n'est pas exactement ce que j'ai voulu dire.
Revenir en haut Aller en bas
Louise Rimbaud

Louise Rimbaud



Messages : 2
Date d'inscription : 08/02/2021

Tristia Empty
Sujet: Re: Tristia
Mer 10 Fév - 19:44

Parce qu'ils dessinent des formes aux infinies violences parce qu'ils établissent ce pacte intransigeant avec l'esprit, parce qu'ils sont des anges généreux. Je ne cesserai jamais de me soumettre à leur régence. Jamais le monde ne nous paraît si beau que lors nous parvenons à faire des mots son miroir. @James Wilde


  Il a posé son regard, sur elle, des yeux dont l’encre se faufile jusqu’à l’âme, force les défenses, tente de pénétrer l’esprit de la nymphette, Louise se replie, elle remarque son corps se plier sous la violence fascinante de ses yeux, à lui, ses yeux de fauve terriblement mélancolique, colérique. Absorbée par les pupilles de l’homme, Louise aimerait fuir, puisqu’elle ne fait que fuir. Enfin la parole, vengeresse, la vague de questionnement, une onde comme une tempête, une tornade. On ne s’adresse pas à une inconnue de cette manière pense-t-elle, élan de réflexion oublié très vite par l’effroi au coeur ; c’est que l’enfant n’a pas de défense ; l’unique qu’elle ait trouvé pour survivre dans ce monde qui l’agresse semble hors de porté, sa chambre, univers dont elle a décoré les murs de reproductions de ses peintures préférées, elle visualise son lit et sa bibliothèque, les odeurs de laurier ou de citron, un cocon pour elle, à l’abri de la hargne de ces gens qui séduisent et dominent. Louise a toujours voulu fuir plus que vivre. Confrontée à la virulence, elle baisse la tête, soumise. Je ne sais pas, je ne peux pas vous le dire monsieur car moi, je ne sais pas parler, je n’ai jamais su, c’est pour ça que je me suis mise à danser, à dessiner, à écrire des phrases abscons dont le sens m’échappe car j’emploie des images, je me noie un peu, mais je le désire puisqu’il s’agit de l’univers que j’ai créé, loin, à l’abri des regards, si j’ai voulu danser pour votre clip, c’est qu’il me touche, je me suis construite grâce à vous, près de vous dans un sens, un sens intime.

 Ce qu’il professe, ce mélange de cruauté mêlé à l’impertinence, Louise l’avale, elle qui ressent, tout, semble anéantie par le discours d’un roi, elle ne doute plus que les décisions se fabriquent par ses incartades. Et son intransigeance. Pourquoi suis-je ici si je ne peux pas défendre mes valeurs ? Pourquoi suis-je muette face au zéphyr ? Il est adulte et je ne le suis pas, lui sait et je ne sais pas. Je ne me sens pas légitime face à l’expérience qui bruisse dans sa posture. Il m’a déjà jugé car je ne suis rien. Un souffle, Louise relève la tête, dans la poche, sa main serre ce bibelot qui lui a donné courage à chaque événement important, une ballerine miniature de porcelaine, morcelée, un bras lui manque et Louise l’a aimé. Elle représentait sa fragilité. Et je t’inventerai des exils, un îlot où règne calme, luxe et volupté.  « J’aimerai danser pour émerveiller les autres, non parce que c’est moi. Mais parce que la danse est tout. Elle m’a permis de survivre au néant. » Elle résume en quelques mots puisque la demoiselle ne partage pas, méfiante, sauvage, ses orbes bleues expriment toujours une distance afin de se préserver des autres, de ce qu’ils ressentent eux et qui l’imbibent elle. Si l’enfant danse c’est bien pour continuer à vivre, comme elle dessine des visages et des arabesques, comme si la vie dépendait de la création, du corps et de l’âme, sa main et son corps.  « Je ne désire vraiment pas d’argent, je veux simplement danser parce que c’est un besoin. Un besoin n’a pas besoin qu’on le récompense. Il est, c’est suffisant. » Et dans sa main, la petite ballerine lui sourit. Le silence tombe, on l’écoute mais cette écoute la brusque, elle qui préfère se terrer ; alors elle ajoute.  « Je suis lycéenne et je n’aimerai pas manquer mes cours, j’espère que ça ne vous pose pas de problème… Enfin, après je peux m’arranger et me rendre disponible. C’est juste que... » Par cet obstacle l’enfant tente de détruire l’ouvrage, elle essaie de dire qu’ils ont fait une erreur en la sélectionnant, tout semble simple dans ses paroles, cette négation de son existence.  « Je crois que je ne suis pas la meilleure personne pour vous aider dans votre création. » Elle a exprimé dans une urgence, elle a expié la faute. De se trouver là, noyée dans ce hangar aux différentes gens qui l’oppressent. Je sais que tu souffres de phobie social Louise mais parfois faut essayer de s’emparer des minuscules opportunités, lui avait murmuré Alexandra à l’entrée. Mais je ne peux pas, entêtée Louise.    
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé




Tristia Empty
Sujet: Re: Tristia

Revenir en haut Aller en bas
 
Tristia
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LES CHERUBINS ELECTRIQUES :: Moscou :: Kremlin-
Sauter vers: