LES GROUPES

Les innocents aux mains sales, aux pieds propres ; l’innocence a de cela précieux qu’il est un mot porteur de valeur, pureté, fragilité peut-être, ils sont ceux qui ne savent pas, qui ne croient pas, qui ne s’en emparent pas ; la magie n’a pas de sens qu’une fameuse mystique, une histoire de sorcière que l’on raconte aux enfants afin de les effrayer ou de les émerveiller. Ils ont perdu le sens de l’occulte, les sens de tragédie, le sens du combat, car la magie est arme puissante mais ils ne voient pas. Des aveugles que l’on se plaît à désigner comme innocent car ils sont ignorants. Et, peut-être, que cela leur convient bien. La magie réveillerait certainement une angoisse profonde, indicible et intelligible.

De ceux ayant subit ou, par curiosité et remise en question, par la sidération ou l’énergie folle, se sont mis à chercher puis à croire. Alors, peut-être, y voyaient-ils une résilience contre les maux passés, une manière de faire leur deuil ou une manière d’aborder la vie, de donner un sens. Ils n’appartiennent à aucunes castes, aucune posture ne sommeille en leur sein. Ils se documentent, ils apprennent, souvent seuls, à la lueur d’une chambre baignée de lune, parfois à plusieurs afin de découvrir d’autres possibilités, afin de construire, déjà, de fusionner et de ne plus ressentir cette solitude pesante. Des disciples entourés de livres ou d’un professeur trouvé comme un hasard qui n’en est pas, réveille en eux le feux de la démesure, ouvre des portes de la transcendance.

On les dit monstres, on les dit à l’écart, on les dit dérangeants ou suprêmement intelligents, trouble fête ou talentueux, admiration ou réticence dans le regard. Des confiants ou des indépendants, ils savent et manipulent les forces obscures sans une once de maladresse, eux, ont déjà appris, peut-être ont-ils eu la chance de naître dans une famille ancienne où l’héritage se transmettait. Peut-être sont-ils doués ou sont ivres d’apprendre, pour des motivations obscurs et troubles ou des motivations douces et sensibles ; ils ont certainement des desseins, des désirs. La magie coule dans l’ichor, et cela leur est naturel de vivre selon les pouvoirs conférés. Ils ne pourraient plus exister sans, ils ont, dans leur manière une émotion qui dépasse la banalité.

Sages aux yeux grands ouverts, ils ne ferment pas les paupières. Observateurs, grandioses et puissants, ils sont ceux ayant retrouvé, grâce à la magie un sens subjectif, de récits commun, ils ont fait leur un univers d’éclat et de mystère. Connus dans leur cercle, ils possèdent l’autorité de ceux ayant compris l’essence, toujours en mouvement de ces forces qui forment les mythes et les légendes. Sage n’en est qu’un nom, mur porteur d’une certaine déférence quant à leur aura sainte ou diabolique. D’ailleurs, ceux là questionnent plus qu’ils ne jugent. Âgés ou pétris de jeunesse, ils voguent, libres.