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 La défense Loujine

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Céleste Gainsborough

Céleste Gainsborough



Messages : 1
Date d'inscription : 03/12/2020

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Sujet: La défense Loujine
Mar 8 Déc - 11:56

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LAMB
Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuse, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé
@"Dante Morante" & @"Vi stygian"

  Nous t’appellerons Céleste, comme cette voûte étoilée où les regards se mirent et admirent la beauté, elle sera d’une beauté froide, blanche, pure, un visage de muse, une exceptionnelle femme. Tu sera mon étoile ma fille, lui disait-elle sous les feux de son appareil. Gainsborough pour l’amour, le nom donné lors des noces et du baiser. La jeune femme a été heureuse d’effacer le nom que sa mère lui avait légué. Née en France, enfant de France, là où les photographes s’arrachaient son corps quand elle n’était encore qu’enfant, la France, pays de la mode enchantée et de l’indécence ; elle est partie alors à seize ans, vers les contrées lointaines de New York, appelée pour son talent de déceler les secrets. Seize ans, l’on est trop jeune pour devenir recrue du FBI, si la jeune femme n’avait pas hacké les serveurs hyper protégés serait-elle devenue apprentie ? Elle se souvient de l’interrogatoire suite au mail poli qu’elle leur avait adressé. Veuillez m’excuser pour la gêne occasionnée, il y avait une faille dans votre système que vous trouverez ci-dessous. Curieuse suite à l’appel masqué et la demande de se présenter au bureau d’investigation, elle avait pris son billet, avait embrassé son père. Puis les enquêtes et la sensibilité, l’extrême émotivité, elle s’est repliée. Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet. Elle n’a d’yeux que pour son mari. Intimidée par les traits masculins, le satin des peaux et la force virile, elle y voit des lueurs de mythe et d’excitation, qu’elle dessine sur des carnets cachés en haut des étagères. Céleste est calme, ne saurait pleinement briser les remparts de sa timidité. Seul l’ange blond nommé Césaire adoucit les peurs, les transforme en joie dans l’intimité d’une chambre.

Ils ne se douteraient pas d’apercevoir dans ce visage des neiges, froid et timide, réservé et discret, une passion brûlante dans le cerveau de la jeune femme. Elle a gardé en elle des trésors d’engouement pour fabriquer un monde, le sien. On dit de Céleste qu’elle n’est pas désagréable à regarder, une belle fille, une passante qui ne revient jamais. On n’ose pas l’approcher, on risquerait de détruire cette porcelaine qui, d’un haussement de voix, pourrait s’effondrer, se casser. On la sous estime parce qu’elle rougit, cache de ses mains propres, longues, des mains de pianiste, ses jolies joues au teint livide, de Russie. Il est vrai qu’il y a certainement une odeur de Sibérie de ses veines, mais jamais n’a-t-elle recherché ses ancêtres préférant se concentrer sur les criminels. On peut la voir, seule assise, sur une chaise, penchée sur son ordinateur à écrire des codes, des signes, un langage informatique qui tient plus de l’alien ; elle connaît, calcule, mais toujours se tait, ne dévoile pas ses secrets. Rigoureuse, exigeante, elle se méfie, toujours l’expression ouverte et compréhensible, désirant de comprendre la complexité d’un être. On peut lui parler, se confier, elle sera le tombeau des mystères, respectueuse envers la douleur humaine. Elle s’oublie, incapable de s’adresser une bienveillance sincère, visant un idéal qu’elle n’atteindra jamais, cela la tue. Un jour, sa psychologue lui a dit qu’elle souffrait du syndrome de Pénélope ; cette figure antique, mythologique de la femme qui tisse le jour et détruit la nuit. Car jamais rien ne semble assez bien quand elle construit quelque chose de ses mains. Acceptez-vous les compliments ? Trop humble. Incertaine quant à son intelligence, quant à elle même.

Penchée, concentrée sur ses partitions vierges, la mélodie coulait dans son esprit, arrosait ses vertiges, nourrissait son inspiration ; les doigts écrivaient des signes, des croches, des blanches, des noirs, composaient ces chants qu’elle entendait dans la cavité de ses rêves. Elle ne remarqua pas le téléphone vibrant dans la poche de son manteau, celui-ci toujours abandonné, perdu dans les tréfonds de ses vêtements. Plusieurs fois l’année devait-elle en acheter, les objets se noyaient dans les machines tournant et nettoyant les jolis robes ou les tenus confortables. Depuis sa démission, elle fabriquait une routine cocon, ne sortait rarement de chez elle, seule l’obligation des répétitions l’entraînaient au dehors. Ils lui avaient proposé une place à l’opéra symphonique, quelques compliments bien placés qu’elle n’eut pas compris, rougissante, humble enfin. Elle avait réfléchi plusieurs jours, le temps de rejoindre les troupes de Césaire, de poursuivre son travail et d’achever sa dernière mission. Elle avait écris sa résignation, repensant aux paroles salvatrices de son supérieur – quelque chose en lui, chez lui, autour de lui, rassurait, illuminait - vous n’êtes pas obligée de rester, car il avait bien vu que les horreurs lui devenaient insupportables. Elle s’était donc enfuie, culpabilisant de s’être désengagée de cette vocation, son père lui disait qu’elle avait fait le bon choix, ta santé mentale avant tout. Il avait senti qu’elle s’enfermait, dans ton monde, dans ta tête, quand tu étais petite fille, quand quelque chose n’allait pas, impossible de te faire cracher ta salva. Elle s’exprimait à travers la musique, perdait le temps, perdait l’espace. Quelques heures, de nouveau la sonnerie du portable qu’elle arracha des entrailles de coton.  « Césaire est à l’hôpital, depuis hier. Une balle dans le torse, dieu merci il s’en sort ! Je sais que tu étais beaucoup attachée à lui. » Dante, son esprit d’analyse.
D’un merci Céleste raccroche. Pantoise. Sidérée aussi. Une tentative de meurtre, ce fut le terme qui la guida près de son chevet, ressassant les dossiers, les dangers, les suspects. Dans cette chambre aux effluves impersonnelles, glaciale et austère, Céleste prit sa main, enlaça ses doigts alors que l’homme dormait encore. L’infirmière la sermonna ; vous êtes de la famille, seules les personnes de sa famille ont le droit de rester plus d’une heure. Timide elle n’osa rétorquer. Dieu existe parfois, deux ombres s’avancèrent, une petite fille et un homme rigide qui laissa la petite tornade se faufiler dans les bras de son père. Rose accueillit Céleste d’un sourire joviale mais triste, inquiet. Dante ne lui avait rien dit, ne sachant pas mentir, préférant le silence. Et lorsque l’heure passa, dégringola la nuit, Célesta prit en charge l’enfant dans ses bras, endormie. Le soir, dans son appartement fleuri, elle appela afin de demander un congé, son chef lui répondit qu’il ne le pouvait pas, la première du Lac des Cygnes s’ouvrait la semaine prochaine, je serais obligé de vous remplacer. D’un souffle, elle plaça ses priorités, Césaire, Rose.
Et les aiguilles tournaient, valsaient. Le premier jour, Césaire transpirait du choc de ce moment, elle ne cessait d’imaginer, d’appréhender, d’user de son empathie pour se mettre à sa place afin de comprendre, de cerner, de contrôler l’impossible. Elle ne lui avait rien dis, avait prédit dans ses carnets que cela arriverait. Elle pleura près de lui, seulement quelques larmes discrètes, naissant de l’angoisse de le perdre. Elle n’avait jamais avoué son attirance, apeurée, et certainement se sentant en danger puisqu’elle considérait qu’elle n’aurait jamais de chance de vivre quelque chose avec lui ; l’amoureuse l’avait admiré à l’ombre de son intimité sans jamais se hausser ou tenter de le séduire. Elle semblait une ombre, timide et délicate, intrigant les passants mais jamais ne les enracinant à son âme. Elle laissait les autres en paix, s’éloignait. Mais Césaire avait failli mourir et, bien qu’elle considéra qu’elle n’était rien pour lui, lui était tout pour elle. Exigeante, elle prit soin de lui jusqu’à sa sortie définitive.

(c) corvidae
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