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 Chambre noire

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Lila Nabokov

Lila Nabokov



Messages : 7
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Sujet: Chambre noire
Mer 2 Déc - 23:21

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


  Il a dit que si j’étais sage je pourrai revoir ma maman. Il a dit que je devais me montrer patiente parce qu’il avait besoin de moi ici. Il a dit que j’étais en sécurité, qu’on m’embêterait plus, que j’aurai plus peur, que la maison était belle et que j’allais vivre ici parce que maman sait pas bien s’occuper de moi, que je m’appelle plus Aislin mais Lila, c’est un joli prénom Lila, je lui ai dis que c’était une fleur que j’aimais beaucoup et j’aime bien aussi les sonorités de ce mot, Lila, il a dit que ça me représentait bien. Je sais pas depuis combien de temps je suis ici dans cette chambre, je sais juste que je dors beaucoup et que je vais plus à l’école, j’ai pas besoin il a dit, parce que j’allais étudier dans ce lieu. Il a dit que je devais me reposer, que j’étais fatiguée, que je devais manger. Mais moi j’ai pas trop faim, j’ai juste envie de dormir parce que si je dors alors ensuite ça me rapprochera de maman. Est-ce qu’elle pense à moi maman ? Je pense beaucoup à elle.

Penchée à serrer son stylo, à former les lettres, elle écrit, soigneusement dans un cahier qu’il lui a offert. Elle a tant supplié les derniers jours, à lui quémander son cartable dans lequel étaient rangés ses crayons et ses livres, elle souhaitait tellement les récupérer qu’elle a pleuré un peu. Hier, devant lui, elle a essuyé ses larmes, son visage poupée livide et esseulé. S’il vous plaît, est-ce que je peux récupérer mes affaires scolaires, a-t-elle chuchoté, assise sur le lit qu’elle ne quittait pas sauf pour aller aux toilettes ou dans la salle de bain. Parfois ce n’était pas lui qui la dirigeait dans les grands couloirs bruns, à l’étage ; le médecin aussi s’occupait d’elle. Il ne jouait pas. Grisha oui. C’est comme cela qu’il se nommait, Grisha. C’était russe. Alors Aislin, dans ses agates rêveuses partagea l’unique information qu’elle connaissait de son père, mon papa aussi il est russe, mais je sais pas comment il s’appelle, je l’ai jamais vu. Et il se montra intéressé, doux avec elle. Il la rassurait beaucoup et c’est vrai qu’elle se sentait en sécurité, parfois, elle oubliait qu’elle n’était pas chez elle. Hier encore, elle a posé quelques questions qu’elle n’aurait pas du poser ; quand est-ce que je sors de cette chambre ? J’ai vu qu’il y avait une autre petite fille, elle était dans le jardin quand je suis allée prendre ma douche. Est-ce que je pourrai devenir son amie ? Et il avait ri. Tu es si innocente, si belle mon angelot. Elle s’était laissé embrassée sur les lèvres. Parce qu’on ne fait absolument rien de mal, et que tu as les lèvres si tendres, de miel. Elle n’était pas d’accord mais elle a tu sa peur dans les tréfonds de son sourire timide. Et il était parti.

Il lui a donné son cahier barbouillés de dessins et de pensées, de dictées et d’exercices, elle mélange beaucoup de choses, ses professeurs lui ont dit, qu’elle était assez dissipée, pas concentrée. C’était son professeur de musique qui lui avait offert ces pages blanches, en espérant que tu puisses purger ce que tu as dans le coeur, ça marche quand on y croit très fort. Elle l’avait remercié puis l’avait correctement rangé. Elle a remercié Grisha de lui avoir rapporté ses affaires. Elle a répondu qu’elle serait sage. Parce qu’il pourrait toujours les lui reprendre. N’oublie pas ma puce, que c’est une récompense pour ton bon comportement. Elle avait le droit de pleurer mais pas de hurler, elle avait pas le droit de couper la parole ni de questionner sur maman, ni sur l’école, qu’elle devait pas parler de son ancienne vie. Elle pouvait quand même parler à Grisha, lui aussi il questionnait. En jouant au monopoly ou en dessinant des belles maisons, il racontait des histoires qui ressemblaient à sa vie ; le vilain petit canard c’était son conte préféré, elle se reconnaissait dedans. Et pourtant tu n’es pas un vilain oiseau Lila, tu es d’une ravissante beauté, toute en porcelaine. C’était pas la beauté physique mais plutôt le manque d’amour. Ma maman elle rentrait tard et je dormais déjà, elle me prenait jamais dans ses bras, elle me disait qu’elle aimait pas les câlins alors moi j’ai essayé de plus en faire. Elle a hésité puis a lâché. Pourquoi moi j’ai pas le droit de dire que je veux pas de câlins ? Parce qu’un homme a besoin de tendresse des jolies petites filles comme toi.

La porte s’ouvre sur la figure de l’autorité, il a les mains dans ses poches, une cravate, une chemise et sur celle-ci un veston, un costume trois pièces avec le pantalon. Aislin se redresse, dépose son stylo et se lève. Il lui a dit qu’elle devait l’accueillir et lui dire bonjour, venir près de lui pour lui faire un bisou sur les joues quand il venait la voir, par politesse. Il a dans ses bras un paquet blanc qu’il dépose sur la couverture, l’ouvre et dévoile une robe de soie rouge, une robe de princesse. Elle a ce tic de nervosité, de timidité, à recouvrir ses mains de ses manches, à entortiller le tissu de son pull panda et à mordre dedans. Elle se souvient de ce sentiment de danger qui revient, elle se souvient qu’il l’avait pas écouté quand elle lui avait demandé son cartable sur l’herbe.  « Je suis bien dans mes vêtements, j’ai... » L’enfant se tait, se ronge les doigts, se dépiaute les peaux de ses ongles.  « Je suis obligée de la porter ? » Elle ne sait pas pourquoi ce cadeau ne lui dit rien, pas de plaisir, de grands éclats de joie mais plutôt la terreur qui baigne son sang.
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Grisha Orlov

Grisha Orlov



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Sujet: Re: Chambre noire
Ven 4 Déc - 10:44

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


 Il avait dit à Misha de prendre sa soirée, sa nuit, n’as-tu pas des devoirs à faire, des travaux à rédiger. Je ne serai pas là mais je surveille, le rire du père, de l’amour pour sa progéniture. Le fils ne s’étonnait guère de le voir découcher, initié déjà depuis un an à ses activités infernales. De cette maison de poupées, cependant, il ne lui avait rien dit, pas un mot de révélation n’avait coulé dans sa gorge. Dans le bureau il appela Youssopov, ce fameux client, comparse, fidèle quant il s’agissait de payer le prix. Il lui avait donné l’idée, avait versé dans la membrane les décors somptueux et chastes, de ces nymphettes aux voiles fluides découvrant un corps laiteux, de nuage et de satin. Le directeur artistique essuyait les larmes des gamines venues, appâtées par les rêves de grandeur, elles essuyaient les jouissances de leur bourreau sur leurs jambes, prix à consacrer pour les contrats juteux. Mais toi, tu voles, tu enlèves, tu ne te soucis plus de leur vie. Il avait répondu à cette réflexion par un haussement d’épaules, la fumée de sa cigarette jaillissant de ses lippes avant de déclamer, placide et effrayant qu’il leur offrait une vie meilleure, qu’il les protégeait des dangers que seuls les masculins pouvaient affronter. Une femme ? Elle n’en est pas capable, ses gênes sont fragiles. Il inventait des excuses… y croyait. Baigné dans sa culture patriarcale, la mère avait éduqué son Grisha dans l’amour misogyne, il ne possédait pas de sœur mais celle-ci, née fille, aurait certainement été frappée de nombreuses fois pour lui apprendre la soumission. Jeune enfant, il avait assisté aux scènes rudement violentes aux réunions de familles, bien dressées, ses cousines obéissaient aux commandes des pères, des frères, des maris. Et ces enfants ? Le fil de la discussion se poursuivit dans une atmosphère éthérée, dénuée d’éclats de rire. Plus tard, il lui tendit quelques photos. Il s’agit de ma dernière. Lila. Et Youssopov intéressé, avait longuement contemplé ce visage des séraphins.

Assis sur le lit de l’enfant, conquérant, Grisha fronce les sourcils, silencieusement, première punition, la contrariété. Il sait qu’elle est sensible, qu’elle voit des choses que d’autres et adultes compris ne voient pas, elle ressent, tremble quand elle n’explique pas le danger qui pénètre la pièce. De cette robe posée sur ses genoux, Lila recule de trois pas. Ce n’est pas une robe pour les enfants, de transparence et de sexualité mêlée, le tissu dévoilera son corps chérubin, devant ces hommes choisis avec une précision méticuleuse. Il ne désire pas les mains sales sur cette peau blanche mais les tendresses et les câlineries pour cette princesse.  « Oui tu es obligée de la porter ce soir. Approche. » L’ordre ne pardonnera aucun délit de désobéissance ; dans l’encre de sa voix se niche la colère discrète. Elle ne s’avance pas, tête baissée à contempler la moquette.  « Lila, es-tu sourde ? » Elle secoue la tête en proie à la panique de l’observer méchant ; l’avant veille l’avait-il puni pour quelques refus qu’elle lui imposa, l’heure de la douche sonnait l’éveil d’un cauchemar. Elle marche, condamnée, vers lui, repentante. Doucement les bras se lèvent afin de le laisser la déshabiller, elle n’en a pas le droit pour le moment, de retirer ses vêtements elle-même.  « C’est bien mon angelot, tu ne frissonnes plus quand je touche ton ventre ou tes épaules. » Il la félicite afin de rassurer l’angoisse nichée au fond de ses prunelles, elle ne comprend pas. Ces gestes qu’il a pour elle, les baisers de plus en plus ardents, confiants, sur les lèvres, dans le cou, ses mains possédant ses hanches fines afin de l’emmener près de lui. Il hume son odeur de lavande et de rose, effleure du bout de son nez l’épiderme. Nul plaisir se voile entre les jambes du titan seul les procédures exigeantes, le désir professionnel. Lila apprend.

Il supprime le t-shirt uni, puis, calmement, entreprend le périple du bas, défait le bouton de son pantalon, enlève la culotte. Elle cherche à cacher de ses petites mains ses fesses et son bas ventre, pleure un peu, prestement retient ses sanglots. Les clients qu’il lui a choisi aiment la tristesse, ce côté adorable de l’enfance, proie aux morsures des adultes ; elles ne savent que pleurer pour tenter d’adoucir les ardeurs de leur propriétaire. Déjà l’entrevoit-il glaïeul, douce, soumise. Car elle a bien assimiler les coups, les gifles si elle tentait de fuir des bras de ses amants. Immobile, elle se laisse manipuler. Ce qu’il aimerait entrer en elle, la faire sienne. Mais l’ogre oublie cette idée, est revenu sur son caprice. Il l’offrira à celui qui gagnera cette bataille pour sa vertu, l’argent remplira les caisses, remplira les ventres et la fidélité de ses hommes. Grâce à Lila, il pourra graisser les courroux de ces anciens guerriers qu’il sent de plus en plus sur le bord de l’insurrection. Ce mois-ci le surplus d’argent et des primes a disparu des comptes en banque ; les marchandises manquaient, le ménage des vieilles a comblé la brèche de la pauvreté. Lila sauvera ce passage vide, en se présentant, docile. Merveilleuse dans cette tenue de mariée, l’étoffe épouse ses formes ingénues.  « Ce soir, si tu es sage, tu auras le droit à une nouvelle chambre, en haut. Tu te souviens qu’il y a une autre petite fille, je lui a parlé de toi et aimerait bien devenir ton amie aussi. Mais avant tu vas rencontrer des monsieurs, comme moi. Tu devras te montrer très obéissante. » Une pause. Il laisse le temps à son enfant d’assimiler les informations.  « Si je considère que tu n’as pas été sage tu retournera ici et je te confisquerai tes cahiers et ton cartable. Tu comprends Lila ? » Elle hoche la tête, ses doigts de fée dans sa bouche qu’il lui retire rapidement.  « Qu’avait-on dit sur le fait de se ronger les ongles ? »
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Lila Nabokov

Lila Nabokov



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Sujet: Re: Chambre noire
Sam 5 Déc - 13:46

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


 Elle a obéit et elle a pas pleuré, elle a pas pleuré quand il lui a enlevé ses vêtements, quand il l’a touché. Parce que l’autre jour elle a supplié qu’elle voulait pas d’une petite voix de souris, elle avait chuchoté qu’elle avait mal et qu’elle voulait dormir pour échapper à ses serres. Aujourd’hui elle est sage parce qu’elle ne veut pas qu’il lui reprenne ses affaires, c’est tout ce qui lui importe, il y a ses leçons pour l’école.  « Que c’était pas bien de mordre les doigts. Je saigne après et c’est pas beau. » Elle dit cela en évitant ses yeux rouges, carnassiers, des orbes de tigre, méchant. Elle frissonne à l’idée qu’il puisse la punir, mais il la rassure, lui dit qu’il pardonne pour cette fois mais qu’elle ne devra plus recommencer. Alors elle promet. Aislin a perdu le temps, elle a perdu l’espace. Elle ne sait plus quel jour ni l’heure mais il a dit qu’elle allait voir des monsieurs, c’est peut-être pour une nouvelle classe. Avec des nouveaux camarades et des nouveaux professeurs. Elle imagine une concertation pour oublier la terreur qui pénètre son ventre, qui hante son esprit. L’enfant a une logique, elle commence, de son jeune âge à analyser, à entrevoir les comportements et l’absurdité de ces adultes qui n’ont pas su la protéger, et des autres qui… qui… Elle s’en méfie, ne veut pas s’en approcher, de lui surtout qui est toujours assis sur le lit et qui se lève pour venir voir ce qu’elle a écrit. Elle voudrait lui dire que c’est pour maman, et surtout pour elle, pour purger les grands baobabs qui noient sa joie. Parfois elle riait beaucoup près de sa mamie, quand elles regardaient toutes les deux les dessins animés, elle se souvient de sa voix et de son odeur, de ses yeux bleus, des yeux de mer dont elle aimait admirer les nuances. Lui, il ressemble à personne parce qu’elle connaît personne de son caractère. Elle a eu peur, bien sûr, de plein de gens, mais elle était pas si effrayée si… Elle ne sait plus et tout s’embourbe. Oui Lila est un joli nom, si l’on te demande tu diras que tu t’appelles comme ça. Elle n’ose pas dire non, elle sait qu’elle sera punie sinon. Alors, quand il lui tend la main elle la prend, apeurée. Monter les escaliers pour se retrouver dans un hall de marbre immense.

Elle voit la nuit qui comble les tableaux des cloisons beiges, des pots de fleurs et des rampes toutes lisses quand elle pose ses mains dessus. Elle est fatiguée, cela lui demande beaucoup d’énergie de suivre les grandes enjambées de son gardien qui lui tient toujours la main, elle aime bien. Lui tenir la main, elle se sent rassurée parce que la grande porte s’ouvre sur un salon, qu’il est gigantesque ce salon rempli de canapés de velours bruns et des tables basses, un bureau et un meuble qui supporte des bouteilles avec de l’alcool et des verres aussi. Elle scrute le décor et ces hommes qui sont assis, détendus, en costume, c’est intimidant les vêtements qu’ils exhibent. Elle ne peut plus avancer, pétrifiée. Elle serre très fort la main de l’adulte qui lui dit que tout va bien, qu’ils ne lui feront pas de mal. C’est juste pour voir à quel point tu es jolie qu’il lui murmure en s’accroupissant pour être à sa hauteur. Elle marche lentement, effarouchée par le vaste environnement, à la recherche de l’amie dont il lui a parlé mais elle n’est pas là. Elle est entourée d’hommes. Un, deux, trois, quatre, cinq. Cinq et un sixième qui surveille la porte avec un regard de braise, une violence dans sa posture. Il l’entraîne au centre où ses pieds touchent un tapi de fourrure synthétique, près des quatre qui commencent à sourire. Et les commentaires elle les comprend pas. Elle est d’une beauté ! Merveilleuse c’est le mot. J’ai toujours admiré ces petites pimprenelles, très rares soit dit en passant, à la sortie de l’école. Ah mais il faut avoir l’oeil parce qu’elles se cachent bien. Pas elle apparemment. « Comment t’appelles-tu petit ange ? » D’un signe de tête, il lui dit qu’elle peut répondre, un mouvement sec, le menton près du cou.  « Ais… Lila » Elle se reprend, a failli dévoiler son vrai prénom, elle a pas le droit. Et elle entend une salve de mots encore, qui l’agressent, parce qu’il l’a laissé toute seule près d’eux, elle a envie de s’enfuir et de grimper dans son lit, en bas, dans cette pièce sombre mais protectrice. « Grisha, tu t’amuses à faire correspondre leur prénom à leur physique ? Lila lui convient bien. » C’est un monsieur qui s’empare de son visage de ses grandes mains d’araignée, darde ses orbes dans les siennes et elle se sent pleurer.  « Tout va bien petite fille. » Qu’il dit en essuyant ses quelques larmes sur le bout d’un mouchoir. Youssopov tu lui fais peur, déjà, que sera donc la nuit quand tu la tiendras dans tes bras ? Elle n’a pas le temps de réagir, c’est le médecin qui était là, la dernière fois et qui lui a fait du mal. Elle a un petit mouvement de recul vite abandonné quand elle constate l’expression sévère de Grisha.    
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Grisha Orlov

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Sujet: Re: Chambre noire
Dim 6 Déc - 15:38

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


 Dans ce salon aux lumières tamisées, n’aveuglant ni n’agressant les yeux des comparses, Grisha se dirige, près de lui cette petite princesse qu’il contemple ; vêtue de sa robe des passions, rouge sanglant, il l’entraîne comme un père vers l’autel. Elle n’apprendra plus que la soumission, que l’obéissance, que la docilité due à un homme, à un époux, à un dominant. Lila n’ira plus à l’école car là n’est pas sa place ; elle se montrera adorable, elle se montrera magnifique. Les portes sont déjà ouvertes sur les discussions masculines, des dandys, des loups, aux dents acérés, aux baisers lascifs, patientant l’apparition sublime et, lorsqu’il l’entraîne vers le centre, les regards, les sourires miroitent des convoitises et des fantasmes. Voici donc la deuxième Edelweiss ! Maison divulguée aux lois et à la protection de l’enfance, fabriquée pour les riches et les puissants, des pédérastes aux mains longues. Il ne gardera dans son catalogue que des petites femelles, jamais de mâles.  « Elle est terriblement jolie. » Sokorov émet ce commentaire dans une placidité froide, ça se sent, pourtant, qu’il la dévore déjà dans ses pensées. L’enfant tremble quand il s’empare de son visage des anges, pose ses paumes sur les joues rosées afin de mieux entrevoir les perles de ses pupilles.  « A combien vends-tu la nuit ? » Grisha sourit derrière le bar de velours, rempli les verres et ordonne à Lila de venir les prendre afin de servir ses futurs amants. Dans l’oreille de son chérubin il dit :  « Tu veux bien être gentille et leur demander ce qu’ils veulent boire. Ensuite tu reviendras pour me le dire et je te passerai les boissons que tu devras leur servir. » Ses doigts effleurent le petit nez, son œil acéré observe, évalue le comportement de la gosse. Il la voit se diriger, timide encore, vers ces silhouettes qu’elle ne connaît pas, apeurée, terriblement paralysée. Ils savent qu’ils n’ont de droit que d’admirer, pas de toucher. Sa voix s’élève alors pour révéler les trésors.  « Sa première nuit je la propose à 2 millions. Elle est vierge. L’innocence absolue. » Et le silence s’étend, cogne les murs de la vaste salle, un silence religieux, empli de rêves et de merveilles. Polis, bien éduqués, maniérés, ils ne se battront pas comme l’on pourrait l’envisager, comme dans ces films idiots proposant un arsenal de jalousie et de testostérone, ils se reconnaîtront à coup de chiffre. D’ailleurs, Youssopov, près de la petite, hume son odeur, penche sa tête près du coup fragile.  « Deux million deux cent mille. » Sa trésorerie est illimité. Sokorov renchérit de deux millions trois ; agile lorsqu’il s’agit de dépenser son argent et le déposer à la Romashka, plusieurs fois ont-ils ri des placements de son héritage, rentier il vivotait de ces nuits d’orgie et de caresses, quémandant un peu de compagnie de ces nymphes chéries. Youssopov se tait, tâte sa barbe alors que Lila lui apporte son verre de cognac.  « Je me range à la raison pour cette fois-ci, mais je réclame sa seconde nuit . » Un rire rauque s’échappe de sa gorge, enjoué, il prend sur ses genoux la petite colombe, l’embrasse sur sa joue gauche puis la droite.  « Interdiction sur les lèvres, tu le sais vile chenapan ! »  « J’aurai tenté ! » Les orbes du parrain s’illuminent de gausseries.
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Lila Nabokov

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Sujet: Re: Chambre noire
Mer 9 Déc - 11:48

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


 Elle ne comprend pas, elle est dans cette salle et elle tremble quand elle rapporte les verres, qu’elle les pose sur la table et qu’elle se laisse manipuler de bras en bras. Tout à l’heure, Hyacinthe l’a prévenue qu’elle devait se laisser faire sinon il serait pas content, que si ça se passait bien elle irait dans la belle chambre que Grisha lui a préparé et qu’ensuite elle pourrait dormir toute la nuit, sans s’inquiéter. Et après je pourrai revoir maman ? Il a fait les gros yeux alors elle a baissé la tête, elle s’est excusée, elle a retenu un sanglot parce que maman lui manquait et que l’espoir de la revoir lui manquait. Elle est obéissante parce qu’elle sent qu’ils pourraient être sévères sinon, le grand homme qui s’est assis près des convives maintenant et qui lui fait signe de venir le rejoindre. Elle a trouvé un coin, bien au fond où on peut pas la voir, où on peut la toucher mais lui il sait, il a vu et il a toujours les yeux sur elle. Elle veut pas s’avancer parce qu’alors ils la toucheront encore, ils l’embrasseront, elle en a pas envie. Elle pense à l’école, à ces quelques professeurs qui lui ont montré un peu de bonté, que c’était possible de ne pas être seule, de se sentir soutenue. Elle aimerait bien les revoir, aujourd’hui, demain, leur dire que c’était qu’un rêve ce qu’elle vit et qu’elle sera de retour chez elle. Même si maman m’aime pas. Nan c’est pas qu’elle l’aime pas c’est juste, parfois les gens savent pas aimer correctement, j’ai peut-être fais une erreur en te gardant. Elle se relève sous les sourcils froncés de celui qui la terrorise, c’est ça ce sentiment qui pénètre le ventre, le tord, le noue, l’enferme dans un étau où elle peut plus respirer, plus penser, plus parler. Elle connaît ça, cette prison en soi même, quand elle osait pas se défendre et qu’elle donnait les petites pièces qu’elle avait dans poche à ces camarades qui lui faisaient du mal. Elle a pas dit dans le bureau du proviseur, quand on l’a retrouvé couchée sur le sol des toilettes et que personne ne l’a relevé, si, une, une fille de son âge, dans sa classe, Orphée elle s’appelait, elle se souvient de son prénom. Devant lui elle baisse sa tête, regarde le plancher parce qu’elle veut pas affronter ses orbes terribles, elle a peur, extrêmement, de ce qu’il pourrait lui faire. Et quand il l’a amené dans cette chambre sans lumière, sans fenêtre et qu’ils ont été tous les deux à la maintenir sur le matelas et à toucher le seul endroit qu’elle même n’avait pas touché. Moi ça me tue en dedans, c’est comme ça qu’on dit, la souffrance. Il la prend dans ses bras, l’étreint très fort contre lui, la présente aux autres. Il prend son menton, manipule son visage avant de dire qu’elle est une perle rare, d’une beauté fascinante et même le caractère, une crème ! Elle sera la femme idéale j’en suis persuadé. Et ils rient tous, ils ont tous des sourires penauds, des sourires extatiques, des yeux qui l’auscultent. Elle veut pleurer, mais elle sèche ses larmes qu’elle sent jaillir, que les pleurs c’est pour les faibles, en même temps elle est super faible, super chiante comme fille, bonne à jeter à la poubelle. Quand elle entend qu’elle est jolie, elle aimerait bien dire que c’est pas vrai et que c’est pas grave de toute façon, qu’elle a déduit qu’elle était pas grand-chose et qu’elle devait pas trop se montrer aux autres sinon elle était blessée, on lui faisait mal avec les mot et parfois avec les gestes. Elle comprend pas pourquoi elle est là. Elle ne comprend pas où elle est. Est-ce que je suis encore à New York, dans le Queens ? Et si j’étais morte et que j’étais en enfer, ça expliquerait pourquoi j’ai si mal au coeur et au ventre. Elle a un mouvement de repli, un mouvement de panique, elle se couvre le visage des manches de Monsieur, aimerait juste se cacher dans sa chemise pour que les autres ne la remarquent pas et qu’ils cessent leurs commentaires sur elle, leur jugement.  « Elle est vraiment adorable ! Mais où l’as-tu trouvé Grisha ? » Il a une voix rauque mais mêlée dans la douceur celui qui parle et qu’elle n’aperçoit pas, elle a fermé ses paupières afin d’oublier.
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Grisha Orlov

Grisha Orlov



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Sujet: Re: Chambre noire
Mer 9 Déc - 20:17

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


  Englué de paradoxe, l’homme protège en la prenant dans ses bras, en l’asseyant sur ses genoux, en la cachant sous le creux de son coude ; devant ces quatre titans de chair et de muscles, quatre bandits dont la richesse exhibe les vices, il a ce rictus heureux comme un collectionneur d’objets rares. Une enfant, une génisse, une prouesse, un danger, une illégalité ; sous ses airs timides, Lila reflète l’interdit. Elle se fera dévorer, avaler par les dents carnassières de ces minotaures attroupés autour d’elle, elle, la petite reine. Dans le ventre la lourdeur du désir, pour elle. Pour cette peau de pêche, ce caractère des rêves. Déjà la petite fille l’enchante par son comportement, cette peur qu’il sent suinter dès qu’il assiège son univers, sa candeur, sa lueur enfantine.  « Dans un collège classé R, l’endroit où tu ne vis pas bien et où tu n’apprends rien. » De ce genre d’établissement pour pauvres, pour recrudescence de misère, ces récréation en béton et ces salles de classe blanches et usées, il a le jugement acéré du mépris. Ces bâtiments le renvoie à ces heures où le froid congelait le sang, assis sur les bancs de l’école, en Russie, sévère et austère ces couloirs dans l’ex URSS. En Amérique les enfants ne sont surveillés que lorsqu’ils naissent chanceux, dans une famille riche. L’ironie coule sur les lippes, l’oeil moribond, rieur. La petite voix s’élève, dans le silence de sa chambre, il est le seul à entendre les phrases que la petite lance dans un moment de tristesse. Moi j’aime bien l’école. Un baiser sur son front virginal, alangui et profond.

 « Bien. Il est temps pour notre petite d’aller se coucher. Minuit déjà. » Il se redresse, dans ses bras Lila, l’on pourrait confondre cette belle image, un père amoureux de son enfant, s’apprêtant à la border et lui conter des histoires afin qu’elle dorme correctement. Il abandonne les clients, les laisse à Hyacinthe qui prend le relais, ouvre un grand agenda de cuir et, de son écriture maniérée commence à noter les rendez-vous. Il vérifiera plus tard, lorsque tous seront partis rejoindre leur foyer, leur femme et leurs enfants après eux. Eux qui ne s’inquiéteront pas du loup rôdant dans l’ombre des nuits de luxure. Il obligera l’agnelle à obéir, à se coucher sur le matelas de plume, à écarter les cuisses, elle aura peur certainement mais se soumettra à la loi de son entreprise, à sa loi. Sa respiration se percute sur son cou, un souffle chaud, vivifiant, timide encore. Il chuchote dans son oreille des félicitations  « Tu as été très sage mon amour, je suis fier de toi. » Combler le besoin de tendresse, d’affection afin que l’enfant s’accroche à lui et jamais ne le trahisse.

Il guide ses pas dans l’aile des chambres, alignées selon une géométrie cartésienne, les bleues se font face, à gauche, à droite, des chambres, petites pièces décorées selon les personnalités ; Grisha n’oublie pas que derrière le corps se loge l’esprit, inférieur, certes, mais vif parfois, de ses petites nymphes. Il a choisi pour elle un lit de voiles et des couleurs pâles, pastels rappelant les cieux d’été et les chaleurs du soleil. Un bureau sur lequel sont posés des cahiers, des feuilles, des feutres, de l’aquarelle ; il a perçu dans ses marges les figues talentueuses, des paysages, des objets, des portraits. Onze ans et déjà le don de l’artiste dessinateur. Quand il l’allonge sur son lit confortable, dans cette nouvelle prison, de verre et d’or, il l’embrasse sur les deux joues. Enfin plante ses lèvres sur les siennes dans un lent baiser possessif, dominant. Elle ne réagit pas, seules ses mains agrippent les draps, les entortillent et, lorsqu’il finit de sucer la moelle de sa douceur se redresse. Et l’enfant lui tourne le dos. D’un geste sec il la retourne, il souhaite contempler son expression. Terrorisée.  « Lila, ces hommes que tu as vu, ils viendront te voir la nuit. A partir de la semaine prochaine je te souhaite irréprochable. Tu sais ce que ça veut dire, irréprochable ? Si j’entends que tu n’as pas été sage je risque de ne pas être content. » Comme une menace déjà qui planera sur elle, en elle.
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Lila Nabokov

Lila Nabokov



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Sujet: Re: Chambre noire
Mar 15 Déc - 21:10

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


  Elle a oublié dans les bras de l’homme qu’elle était dans une maison qu’elle ne connaissait pas et qui se révélait un lieu dont elle ne partirait pas ; elle aimerait bien s’enfuir, courir, traverser les lourdes portes qu’ils gardent fermées. Elle a pas les clés pour quitter ce purgatoire, c’est comme ça qu’on appelle le sas menant au paradis ou à l’enfer, elle se souvient des reproductions de peintures, de ce peintre qu’elle aimait pas, Bosch qui peignait le ciel et puis les géhennes. C’est ce qui arrive aux enfants pas sages. Elle avait entendu un père dans un parc qui grondait sa fille. Elle le sent qui se lève, elle toujours fermement maintenue contre son torse, ses grandes mains sur ses fesses pour pas qu’elle glisse. Et puis il avance et elle entend plus que le silence des grands couloirs, parfois un salut en russe, elle connaît ce mot parce que maman est russe, que parfois elle parlait cette langue au téléphone. Elle entend le bruit de la serrure, une porte qui s’arque et puis la lumière tamisée, artificielles d’une lampe juste à côté du lit sur lequel il la dépose. Il la borde comme un papa. Il l’embrasse sur les deux joues comme un papa. Et ensuite… Ensuite elle veut pas. Elle veut pas qu’il l’embrasse sur les lèvres et c’est long et c’est pas bien. C’est pas bien ! Elle ne peut pas se défendre, elle a jamais su se défendre ; même quand les garçons des autres classes ils la frappaient, elle a jamais rendu les coups, elle se cachait dans les toilettes, s’enfermait dans l’odeur des excréments, c’était mieux que de revenir le visage balafré, rougi par les mains des autres. Mais c’est pas une gifle là c’est quelque chose d’intime qu’on fait pas à elle, parce qu’ils s’aiment pas et que c’est pas un prince charmant ! Aislin tord les draps parce qu’elle peut pas le frapper ni dire qu’elle a pas envie, elle connaît son autorité maintenant. Une fois elle a essayé de se cacher quand il a voulu la déshabiller pour qu’elle prenne son bain, il s’était assis sur une chaise près de la baignoire. Et le lendemain c’est lui qui l’a lavé avec ses longs doigts. Il l’avait puni parce qu’elle avait hurlé, elle avait tout éclaboussé parce qu’elle était paniquée, qu’elle voulait pas. Alors maintenant elle se tait et elle compte. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq…. Les secondes. Elle mesure le temps. Et ça passe.

Quand il se recule elle se retourne. Mais le monsieur n’aime pas non plus et d’un geste brusque il la remet à l’endroit, pour qu’elle voit son visage en colère, son expression sévère dont elle fera des cauchemars la nuit. Il a les lèvres pincées par l’austérité, les yeux noirs par la foudre. Elle imagine ce dieu qui, chaque nuit, lui faisait peur, quand elle écoutait les mythes dans son lit, ses écouteurs dans les oreilles et qu’elle rêvassait sans pouvoir s’endormir parce que Zeus et Hadès et Poséidon lui faisaient peur. Son ravisseur possède la face des méchants, des puissants. Et il lui dit que si elle est pas sage avec les autres qui viendront la voir, il la punira. Mais elle est déjà châtiée, elle n’est pas près de sa maman, elle ne dort plus dans sa chambre, elle ne va plus à l’école. Et même si ça se passait mal, qu’elle était le bouc émissaire de la classe, elle apprenait quand même des choses. Et même si maman n’était pas heureuse et qu’elle disait qu’elle était le problème, parfois, il lui arrivait de sourire et de la câliner, de la serrer très fort dans ses bras et de lui chuchoter des je t’aime. Des fois elle pleurait par tristesse, jamais de colère mais jamais elle a encore ressenti ce sentiment de vide et d’horreur. Face à l’autorité d’un inconnu qui n’est rien pour elle, elle ne peut rien faire, elle ne peut pas se défendre ni s’enfuir. Parce qu’elle a peur et qu’elle imagine qu’il la retrouvera toujours.  « Je veux revoir maman. » Elle murmure pour ne pas qu’il entende, c’est trop tard, il entend. Elle voit les sourcils qui se froncent, et puis son visage qui s’ouvre, qui devient tendre, sympathique. Sur ses genoux il la prend et la serre fortement contre son torse.
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Grisha Orlov

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Sujet: Re: Chambre noire
Lun 21 Déc - 11:14

Ils nous faudra des rendez-vous pour pouvoir s'habiller le cœur. Et tous ces moments entre nous m'apprendront le prix du bonheur.
la petite princesse et le renard


  Il a senti la réticence de son corps, tendu, rigide, sous les couvertures, quand il a embrassé ses lèvres si douces il a vu les petites mains froisser les draps. Ces signes, Grisha le sait, annoncent la peur, l’angoisse, le stress chez la gamine, l’obéissance et la docilité. L’homme sourit donc à l’idée qu’il ne devra pas fournir beaucoup d’effort pour l’éduquer, tailler le joyau féminin selon ses désirs, ses desseins. Il la prend dans ses bras, l’enserre, penche son visage sur son joli cou, fragile, gracieux. Elle ne se débat pas, mais reste cependant tétanisée. L’image de sa fille le hante, ses jolies boucles brunes, ses perles émeraudes, sa voix lorsqu’elle s’écriait papa, puis cet état aussi, de peur quand il souhaitait la prendre dans ses bras, quand il l’emmenait dans sa chambre, ses supplications, qu’elle ne voulait pas. Grisha n’approuvait pas ses refus, il s’était dominé, avait tu les pulsions de sadisme, ce pouvoir grisant dans le sang. Lila lui permettra certainement d’extérioriser ce contrôle, ce deuil, cet amour en trop, pour elle, ses mortes. Il place ses doigts sur sa nuque, retient le mouvement de fuite, apaise en serrant la peau souple.  « Maintenant tu vivras ici, dans cette jolie maison spécialement conçue pour les petites filles comme toi. » Il entend les chuchotements, la détresse.  « Oublie ta mère, tu ne la reverras plus. » L’homme ne console pas, il efface les rêves de ses victimes, de ses belles poupées au goût de chimère. Elle essuie ses larmes, renifle, mais ne tente pas de se libérer de ses bras, amorphe, léthargique, elle semble se noyer dans ses souvenirs, déjà se résigne. Il la dépose sur le matelas confortable, la borde. Embrasse son front juvénile comme un père amoureux de sa progéniture. Il sent déjà l’affection pour cette gamine miséreuse, trouvée encerclée près d’un établissement sordide ; cette fillette a une saveur de paradis perdu. Les lumières s’éteignent, la porte se ferme. De sa clé de gardien des enfers, Lucifer clôt la cage d’un double tour. Retourne vers son bureau où les rendez-vous sont maintenant gravés sur les pages de son agenda.
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